L’information stratégique : au coeur des avancées de l’entreprise (1)

Pour la cinquième année consécutive, l’École des mines de Paris organisait en mars un séminaire sur le thème de l’intelligence économique et stratégique. Ce billet présente l’intervention de Bernard Besson.

Bernard Besson, contrôleur général de la police nationale, chargé de mission d’intelligence économique et stratégique auprès du Haut responsable à l’intelligence économique, introduit ce séminaire et rappelle quelques fondamentaux. Tout d’abord, que l’intelligence économique s’exerce dans un cadre légal (ce qui au regard de l’actualité récente mérite d’être souligné). Il s’agit d’une démarche s’inscrivant dans un environnement concurrentiel. Elle naît du besoin croissant d’anticipation et s’applique à tout type d’organismes.

On peut considérer l’IE comme la volonté de bâtir une intelligence collective en :

  • Partageant l’information
  • En protégeant l’information partagée

L’IE doit être envisagée comme un état d’esprit global ; il faut savoir prêter attention à son environnement, savoir écouter pour anticiper et pour détecter une menace ou une opportunité. L’acquisition de la connaissance est toujours un levier de pouvoir. Dans ce caddre, Bernard Besson présente le référentiel relatif à l’enseignement de l’intelligence économique en France mis en place par le HRIE.

Ce dispositif se décline en 5 axes :

  1. L’état d’esprit : l’acquisition de l’information est au cœur de la démarche. Il s’agit donc d’être ouvert en permanence à son environnement.
  2. La structuration d’un système d’IE : n’importe quel organisme peut bâtir son propre système. Elle doit pouvoir en évaluer l’efficacité (donc en trouver les indicateurs de performance).
  3. La transformation de l’information en connaissance par le partage
  4. La protection de la connaissance
  5. L’aspect offensif de l’IE

Il poursuit son intervention autour de la question des réseaux. La construction de réseaux est l’une des dimensions fondamentales de la démarche d’IE. Le réseau est en effet un réservoir d’information renouvelées en permanence. Or la France accuse un certain retard en la matière. Bernard Besson attribue ce retard à plusieurs facteurs :

  • Un facteur historique : la France est une puissance continentale et non maritime, ce qui l’a conduite à n’accorder qu’une faible importance à l’acquisition de l’information (esprit moins ouvert sur le monde extérieur).
  • Un facteur culturel : la France est un pays attaché aux sciences exactes et peu familiarisé avec des cultures différentes.

Ainsi, la France a accumulé des retards en matière de compréhension des cultures et des modes de fonctionnement à l’échelle d’un pays, mais également d’une entreprise ou d’une organisation. Les conséquences sont notamment :

  • Une perte de vitesse sur certains marchés, du fait d’une faible anticipation de la concurrence
  • Un ciblage approximatif en matière d’innovations

Bernard Besson insiste sur la nécessité d’inciter les chefs d’entreprise, notamment de PME, à se rencontrer, à créer des lieux et moments de partage de bonnes pratiques et d’informations utiles. Idem au sein même d’une entreprise ou d’une organisation. Il rappelle qu’au Japon par exemple, la rétention d’information est un motif de licenciement ! Il est également fondamental de faire vivre ses réseaux hors entreprise. Cette diversité des contacts débouchera naturellement sur le recueil d’une information précieuse (ce que résumait bien Michael Bloomberg dans sa célèbre formule « search less, find more »).

Plus que l’échange d’informations, c’est l’échange d’ignorances qui peut conduire à une anticipation efficace (interrogations sur la façon dont on s’installe dans tel pays, quel est l’état de la corruption, de la réglementation dans tel domaine, etc.).

Merci à Laurence Reichenbach pour ce compte-rendu. Le prochain billet reprendra l’intervention de Christian Marcon sur les réseaux.