Médias sociaux et sociologie des organisations

Suite au précédent billet sur les médias sociaux et évolution des cultures organisationnelles, la question de la sociodynamique a été abordée par Vincent (idée qu’il développe aussi ici) ou Bernard qui expliquait que « le mode de management prime sur les outils ». Dans mon cabinet de management, nous ne pouvons que partager cette analyse, mais nos références sont plutôt celle de Michel Crozier et de sa sociologie des organisations.

Ce billet est assez court, mais nous aurons l’occasion de revenir sur cette question de la sociologie des organisations. Il s’agissait surtout d’alimenter le débat qui a débuté ici et qui s’est prolongé sur différents blogs.
Comme le notait le prix Nobel d’économie de 1978 Herbert H. Simon, chaque situation est vécue comme un problème spécifique : « que faire ? » Chaque comportement est la meilleure ou moins mauvaise solution apportée au problème en fonction des enjeux et des contraintes de la situation, des ressources disponibles, des expériences, des informations, etc. Le comportement est toujours rationnel (même s’il semble peu raisonnable à d’autres) car chaque acteur choisit sa solution en fonction de sa « rationalité limitée ».
Dans ce cadre, les comportements demeurent des stratégies au service des motivations de l’individu. Sans développer ici plus avant les différentes stratégies que cela induit, on peut le résumer dans le fait que chacun réagit pour arriver à ce que les avantages l’emportent sur les inconvénients, le positif sur le négatif. Dans ce cadre de la sociologie des organisations, une grille d’analyse, dites grille TORES, a été développée.

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Il ne s’agit pas ici de reprendre une analyse approfondie d’une organisation à l’aide de la grille TORES, mais plutôt de voir comment les médias sociaux et le travail collaboratif peuvent apporter des réponses positives aux motivations des individus (même si pour ce billet, cette approche est un peu simplifiée). Le postulat de départ est qu’on trouve aussi un mode de management et d’organisation permettant de tirer partie de ces médias sociaux au sein de l’entreprise.
Sur la partie Travail :

  • La mise en place d’un réseau social va permettre aux collaborateurs de développer des contacts
  • Le travail collaboratif à travers par exemple la mise en place de communautés ou d’un réseau apprenant va permettre de développer les compétences.

Sur la partie Organisation :

  • Les différents outils de communication ou de partage des savoirs (bookmarking social, réseau d’experts…), vont permettre d’accroître l’entraide
  • La encore la mise en place de communauté participe à l’auto organisation des collaborateurs

Sur la partie Relation :

  • L’ensemble des items de la grille sont complétés trouvent une réponse avec les médias sociaux et une organisation en réseau qui intensifient les relations entre individus d’une même organisation. Je ne vais donc pas reprendre l’ensemble des items, on pourrait copier coller ce qu’il y a décrit pour la partie travail et organisation et même l’enrichir.

Dans le cadre de l’entreprise 2.0 (oui je sais ce terme énerve beaucoup de monde en ce moment, mais je le conserve), les médias sociaux et le mode de management inhérent, permettent donc de répondre à 3 des 5 parties de la grille TORES. Si je poussais un peu, je dirais même que la partie Employeur pourrait entrer dans cette analyse. On parle de plus en plus de e-reputation, gestion d’image, buzz… ou plus simplement de branding sur le web. Les médias sociaux sont devenues parties intégrante de ces stratégies de communication et de marketing, et donc répondent à l’item notoriété et image.
Il n’y a finalement que le S comme Salaire qui échappent à l’influence d’une organisation 2.0 (encore que si l’on considère que le ROI est important et qu’il permet aux entreprises de faire des bénéfices et qu’elles les redistribuent…)
Pour conclure, si les médias sociaux ne sont que des outils, leur utilisation et les pratiques qui y sont liées, permettent de répondre positivement à un certain nombre de motivation des collaborateurs, incitant leur implication dans la structure, car ils y trouvent des réponses positives à leur « stratégie personnelle ».