La promesse de l’entreprise sociale : un nouveau mode de vie ?

Aujourd’hui, comme tous les vendredi, toujours dans le cadre de nos petits détours par le monde anglo-saxon. L’auteur Rachel Happe est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup d’estime, c’est la fondatrice du community roundtable dont je vous parle quand ils sortent leur rapport annuel sur le community management, document de référence sur ce thème. Là il s’agit d’un article du blog de Rachel, qui comme souvent est très pertinent dans son approche. Il me renvoi à une discussion avec Susan Scrupski, autour d’un verre quand Susan est venue sur Paris, sur le fait que l’entreprise 2.0 était faite pour rendre les gens heureux et les entreprises meilleures. Voyons en quoi.

Susan s’interroge sur la place de la femme dans la société, entre le fait de travailler, d’être mère…, mais surtout pour elle, il faut comprendre que la structure de société dans laquelle nous travaillons et évoluons est problématique, elle nous blesse à la fois collectivement et individuellement.

Nos structures actuelles de la société sont conçues à partir des hypothèses suivantes (Rachel étant américaine, certains exemples choisis sont trop typés, je les ai enlevé ou modifié légèrement) :

  • Nous devons être ensemble physiquement pour travailler
  • Il faut quelqu’un à la maison à temps plein pour faire le dîner, aller au pressing, encadrer les enfants après l’école et passer l’aspirateur, secouer les tapis
  • Les enfants et les adultes doivent être formés pour réaliser des tâches structurées de manière explicite
  • La responsabilité des sociétés est uniquement tournée vers la réalisation de profits
  • Les grandes organisations sont plus productives que les plus petites

Si pendant longtemps la plupart de ces hypothèses se sont révélées justes, notre société a connu des changements très importants :

  • L’Internet rend beaucoup plus facile le travail à distance et permet de profiter du talent où qu’il soit
  • Le mouvement de libération de la femme a permis que les femmes qui travaillent ne soient pas une exception, comme les hommes, et qu’une personne au foyer à temps plein ne soit pas la règle
  • Les tâches structurées sont réalisées par des machines. Les entreprises doivent recourir à ce qui est unique chez l’être humain : la créativité et l’empathie
  • Tant les externalités positives que négatives, liées à la conduite du business sont maintenant plus faciles à voir – les organisations qui ne prennent pas cela en compte vont en souffrir.
  • L’accès à la technologie, aux infrastructures et aux marchés est actuellement banalisé par le cloud computing, les nouveaux business models et les médias sociaux.

En raison de cette déconnexion, les gens ont du mal à comprendre comment retrouver un équilibre vie privée, vie professionnelle, ce qui n’est pas facile. Rachel considère que son travail consiste à aider les personnes et les organisations à comprendre comment résoudre ce problème, afin que nos organisations soient de nouveau à notre service et pas l’inverse. Après tout, quel est le but d’une organisation, si elle ne contribue pas à notre bien-être de façon substantielle ? Les organisations à but lucratif ou non, qui s’alignent sur la façon dont nous voulons vivre, seront celles qui vont avoir les meilleurs employés, le meilleur soutien et les meilleurs résultats.

De quoi avons-nous besoin ?

  • Un soutien explicite par les organisations et l’encouragement à pouvoir travailler de n’importe où, ce qui inclut la responsabilisation et le fait de rendre des comptes sur le travail réalisé de manière autonome.
  • Choisir si notre travail est de 30-40-50-60-70 heures par semaine, afin que nous puissions adapter notre travail à notre vie et pas l’inverse (avec la compréhension que nous avons également à choisir notre niveaux de rémunération en conséquence) – et que travailler moins n’amène pas à travailler sur des tâches moins importantes et moins intéressantes.
  • Des horaires scolaires qui sont en phase avec les horaires de travail et les attentes … ou des horaires de travail qui peuvent être ajustés aux horaires scolaires
  • Une vision radicalement différente de l’éducation, de l’embauche et de la formation des collaborateurs.
  • Les entreprises doivent ensuite trouver l’organisation qui prennent en compte cette nécessité.

Il y a des exemples de bon nombre de ces pratiques à travers différentes organisations – Rachel est optimiste sur le fait que nous commençons à voir comment cette nouvelle organisation est structurée et peut fonctionner. Ceux qui comprennent la puissance de ces nouveaux modèles n’ont pas besoin de partager leurs expériences … mais le reste du monde serait avisé de travailler sur un rattrapage.

Cela peut sembler un peu bisounours, mais de plus en plus de consultants qui travaillent sur cette problématique d’entreprise 2.0/social business vont vers ce point de vue. Sont-ils visionnaires ou complètement déconnectés de la réalité, à votre avis ? Et en même temps, à l’opposé les dernières conférences comme celles qui se sont tenues à Milan ou Londres ont surtout insisté sur le coté business. Faut-il y voir une forte différence culturelle qui sera toujours présente ou les états-unis annonce un mouvement plus profond. Question à suivre.