Social business et bouddhisme

Durant la crise financière, de nombreuses entreprises se sont tournées vers des philosophes, des penseurs religieux pour réfléchir à la façon de gérer leurs affaires différemment (cela nous renvoi un peu à ma série de billets sur Baltasar Gracian). De nombreux « sages» bouddhistes, au delà du seul Dalaï Lama, ont donc donné un certain nombre de conférences. Parmi elles, un moine bouddhiste zen Vietnamien, Thich Nhat Hanh, qui à l’époque avait été proposé comme Prix Nobel de la paix par Martin Luther King. En lisant ces interventions, regroupées dans un ouvrage intitulé L’art du pouvoir, fortement orientées sur les enseignements du Bouddha Sakyamuni adapté au management, il m’a semblé important d’en reprendre une partie, qui répondent parfaitement aux enjeux d’un projet social business. De plus, il y a quelques temps j’avais discuté avec Susan Scrupski et nous avions échangé autour du bouddhisme et de l’entreprise 2.0, sans compter qu’il y a quinze jours, j’ai lu un article s’intitulant social business et éveil. Voici les principaux points de cet enseignement en lien avec notre problématique.

Au début de son ouvrage Thich Nath Hanh revient sur les 5 pouvoirs spirituels fondés sur des pratiques concrètes qui peuvent être appliqués dans le cadre d’une entreprise et de par la même dans le cadre d’un projet social business.

 

Le pouvoir de la foi

Il y a tout d’abord le pouvoir de la foi. Comme Thich Nath Hanh le dit lui même, cela pourrait plutôt se traduire par le pouvoir de la conviction et de la confiance. Si vous n’avez pas confiance en vous, vous ne faites pas preuve de conviction dans votre projet, comment voulez vous que les autres vous suivent. La valeur ajoutée, le ROI sont toujours en débat autour de ce type de projet, et bien souvent la conviction peut faire la différence. Il ne s’agit uniquement de croire en une idée, le social, mais bien d’avoir confiance dans les résultats obtenus en mettant ce type de projet en place. Ce qui veut dire connaître ses objectifs et ne pas faire du social pour faire du social. Ceci afin de pouvoir se projeter et intégrer la valeur ajoutée de ce type de projet.

Le pouvoir de la diligence

Vous allez rencontrer de nombreux obstacles qui vont sans doute vous faire douter. Pour continuer à avancer, vous devez vous appuyer sur vos champions, votre communauté. Il ne s’agit pas de tourner en cercle fermé et de faire de la méthode coué. De toutes manières, il y a aura beaucoup plus de gens pour vous dire que vous allez vous planter que de gens qui vont vous encourager, car c’est contraire au mode de management et à la culture de l’entreprise. Pour reprendre le discours de Thich Nath Hanh, il faut arroser les graines positives, sinon ce sont les négatives qui vont germer. C’est aussi pour cela que participer à des conférences, où des gens vous expliquent que c’est possible, qu’eux aussi ont pu douter ou ont du affronter des obstacles, vous remplira d’énergie positive. C’est d’ailleurs une part importante de l’apport des conférences, l’énergie qu’elles dégagent.

Le pouvoir de la pleine conscience

Le pouvoir de la pleine conscience est le pouvoir de voir les choses telles qu’elles sont, les positives comme les négatives, et d’accepter que les deux sont parties inhérentes de ce type de projet. Là encore il ne s’agit pas de donner plus d’importance à l’une qu’à l’autre, juste être factuel, prendre du recul et préparer la suite de votre projet pour le faire aboutir. Au final des obstacles vous aller en rencontrer, mais c’est grâce à eux que vous allez progresser. Il faut les accepter comme tel.

Le pouvoir de la concentration

Je ne développe pas, le titre parle de lui même. Prenez juste le temps de faire les choses, concentrez vous dessus et ne vous laissez pas engloutir par le temps réel et l’infobésité.

Le pouvoir de la vision profonde

Il s’agit d’accepter le fait que nous soyons dans une société qui est en perpétuelle évolution, rien n’est permanent, tout est impermanence. Votre projet n’est pas tout tracé, n’a pas vraiment de fin (si on parle bien de transformation de votre organisation et pas juste installer un réseau social d’entreprise). Vous allez apprendre en marchant et votre roadmap va évoluer en fonction de vos feedback et d’évènements extérieurs. C’est le chemin qui est la destination.

Au delà de ces 5 pouvoirs, Thich Nath Hanh distingue 3 vertus pour parvenir à trouver votre chemin. Les voici.

Savoir lâcher prise :

Si vous êtes adepte de mon blog, ce n’est pas la première fois que j’en parle. Comme dans une conversation, vous ne pouvez pas tout contrôler, loin de là. Au contraire c’est de ce non contrôle que par exemple l’innovation va pouvoir prendre tout son sens. Ne pas tout contrôler ne veux pas dire, laisser le chaos s’installer, mais accepter une prise de risque. Si vous donnez de l’autonomie, cela veut faire confiance et laissez les gens faire. Le command and control n’est pas la solution.

L’amour :

Sans tomber dans le « peace and love », cela renvoi à l’attitude que l’on va avoir vis à vis des différentes parties prenantes. Cela veut dire reprendre le leitmotiv comme quoi il n’y a pas de questions stupides, mais des niveaux de maturité différents. Promouvoir le droit à l’erreur sans lequel aucune prise d’initiative ne sera possible et bien sûr aucune innovation. Bref accepter les différences et vous enrichir des apports d’autrui.

Vision profonde

Enfin on revient sur l’idée de vision profonde, mais qui est déclinée là de manière différente. Elle pourrait se résumer au titre du livre d’Henry Mintzbzerg, des managers des vrais, pas des MBA. Vous pouvez avoir faits des études, être très capée,  nul ne possède le savoir ultime. Partez de l’expérience de vos collaborateurs, sachez être ancré dans la réalité et accepter le point de vue de tous. Apprenez à interagir avec les autres et tenir compte de leur point de vue et non pas partir de vos représentations et certitudes.

 

Je ne reviens pas sur le reste de sa conférence, c’est tout de même un livre complet. Après si à un moment de fort stress comme dans tous projets, vous sentez le besoin de respirer en pleine conscience pour reprendre pied, libre à vous… et je vous conseille tout de même de lire le retour d’expérience de l’entreprise Patagonia, éclairant.