Social, connection, un état d’esprit individuel avant tout

la-supercherie-d-icareIl y a bien longtemps que je ne vous avais pas parlé d’un livre de chez mon éditeur Diateino (c’est chez eux que j’ai publié 101 questions sur les réseaux sociaux d’entreprise), mais là c’est la rentrée littéraire, donc après le livre de la semaine dernière, en voici un nouveau. Il s’agit du dernier ouvrage en français du célèbre Seth Godin, La supercherie d’Icare. Dominique la boss de Diateino est une grande fan, moi moins pour être honnête, mais comme elle me connait bien, elle a supposé à juste titre que celui-ci ne me laisserait pas indifférent. Et comme souvent elle avait raison. En substance, la patronne de Burberry, Angela Ahrendts se demande comment les entreprises qui ne deviennent pas sociale vont pouvoir survivre, Seth Godin se pose la même question pour l’individu. Si vous ne changez pour devenir plus sociale, vous êtes mort.

Ce n’est pas la première fois que je l’écris sur ce blog, le monde change et ce qui fait votre valeur ajoutée a aussi évolué. Aujourd’hui la maison brûle pour reprendre une formule célèbre dans un autre contexte, allez-vous bruler avec ? L’économie est en train de redistribué les cartes, les modes de travail, de recrutement, de reconnaissance, la standardisation imposée par le système depuis la révolution industrielle est en train de connaître ses limites pour ne pas dire sa disparition. Ce n’est plus une tâche répétitive qu’on attend de vous (où alors votre entreprise est mal partie), le progrès technique s’en charge déjà, c’est votre créativité, votre ingéniosité, votre personnalité. La force de cet ouvrage est de montrer que si avant vous abdiquiez un peu de votre individualité et créativité au profit du moule de l’entreprise vous pouviez arriver à un certain confort car au final vote zone de confort et de sécurité se confondaient. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, elles se séparent et votre zone de sécurité s’éloigne de vous. Alors si vous n’acceptez pas de vous remettre en question, de vous mettre en danger pour aller de nouveau vers cette zone de sécurité et y reconstruire votre confort, vous êtes mal partie car vous n’aurez ni l’un, ni l’autre.

Après est-ce que cela va être simple, très certainement que non et cela va même être dur, car le changement n’a pas encore eu lieu et les anciennes règles prévalent toujours, même si elles grincent de plus en plus sous la pression vous empêchant de prendre votre envol. Mais comme le rappelle l’auteur dans son ouvrage en citant Albert Einstein :

Nous sommes tous des génies. Mais si vous jugez un poisson sur ces capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide

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Donc oui changer va être dur, car vous n’avez pas forcément été aidé au départ, mais aujourd’hui ce monde connecté va vous permettre de vous exprimer, de vous faire entendre, de reprendre une partie de ce le système vous a confisqué. Est-ce en dehors de votre entreprise peut-être (tout le monde n’est pas un entrepreneur), est-ce dedans sans doute aussi, mais pas avec les règles actuelles. Ralentir n’empêche pas le mur de se rapprocher, cela retarde juste le crash. Il faut vraiment changer de cap et il en va de même pour vous. A vous de faire évoluer votre façon de faire, d’utiliser l’opportunité que vous offre ces nouveaux outils sociaux internes et externes pour développer votre réseau (on est toujours plus intelligent et plus fort à plusieurs), retrouver des marges de manoeuvre pour retrouver votre zone de sécurité et de confort. Autre chose que met en avant cet ouvrage, votre zone de sécurité va être de plus en plus mouvante et il va sans doute falloir vous adaptez en permanence, et c’est sans doute cela qui va être le plus dur.

Voilà de quoi parle le livre en l’étayant avec de nombreux exemples. Après il est construit comme beaucoup d’ouvrages américains, une excellent idée, une démonstration pertinente et ensuite la même démonstration avec des exemples différents (ce qui parfois est un peu répétitif). Après, je crois que l’ouvrage ouvre de vrai perspective d’introspection. Donneur de leçon, un peu sans doute, surtout quand on sait d’où parle l’auteur et pour qui la prise de risque est sans doute moindre que pour beaucoup. Quand je conclue mes conférences sur le social business/entreprise 2.0 j’explique souvent que cette conférence ne servira à rien si les gens ne s’y mettent pas, car on apprend à nager en nageant pas en lisant des livres ou en regardant le maître nageur. Cet ouvrage se conclue ainsi

On apprend à nager en nageant. On apprend à être courageux en étant courageux

Et je crois que c’est vrai, on provoque la chance ou les opportunités. Certes il y a une prise de risque et un inconfort certains et ce n’est pas forcément votre entourage qui va vous aider, mais le jeu en vaut la chandelle je crois. Je me souviens d’une anecdote un jour où j’animais un séminaire de top manager. L’un d’eux m’a dit :

A la Défense l’hiver tout le monde marche dans les traces de l’autre les uns derrière les autres pour ne pas tomber avec la neige, le verglas et le vent. Je les voyais du haut de ma tour et l’un d’eux est sortie du rang pour aller directement à sa destination. Je l’ai envié car il avait raison de faire cela et de ne pas suivre le troupeau, mais dans le même temps je l’ai haï pour cela, car je n’aurai pas osé faire la même chose.

Laquelle de ces personnes serez vous ?