Management 2.0 : les réseaux réciproques d’échanges de savoirs

Depuis 2006, La Poste Courrier expérimente une démarche innovante visant à développer les compétences des managers tout en renforçant le lien social. Evidemment si je n’en parle que maintenant de ces réseaux réciproques, c’est qu’ils viennent uniquement de me contacter.

L’objectif est d’amener les managers à échanger leurs savoirs et savoir-faire. Les échanges de savoirs sont effectués de manière orale. Depuis 2006, plus de 1000 participants qui sont entrés dans la démarche, 3000 offres et demandes qui ont été déposées, et environ 600 échanges qui ont été effectués.

Voyons un peu plus en détails cette démarche de réseaux réciproques d’échanges de savoirs (RERS)

Selon l’analyse de la responsable de ce réseau (questionnaires d’évaluation, bilans des échanges, étude externe, étude économique), après 4 ans de fonctionnement cette démarche qui, en plus de développer les compétences et l’efficacité des participants, renforce la valorisation des personnes, leur autonomie, et aussi la solidarité, la coopération, la transversalité et, ainsi, contribue au « mieux-être » dans l’entreprise.

Accroître les compétences

Ce réseau s’inscrit dans une volonté de renouvellement des modèles de transmission et d’acquisition des connaissances. La Poste l’a positionné comme un des leviers d’actualisation des compétences nécessaires à l’accompagnement des évolutions de l’entreprise. Aujourd’hui, 92% des participants actifs estiment que le RERS permet d’améliorer la maîtrise de la fonction et la contribution aux résultats de l’entreprise à travers une confrontation des expériences et l’amélioration des savoirs-faire. On retrouve la démarche des communautés de pratique.

L’analyse de la poste conduit à mesurer une rationalisation des coûts de fonctionnement grâce à une efficacité importante :

  • La durée de l’échange est optimisée (moins de 2 h) grâce un bon ciblage sur le besoin
  • Pour les cadres, les échanges se font à charge d’emploi (sans compensation)
  • Le coût des formateurs (offreurs) n’est donc pas répercuté
  • Il ne nécessite aucun coût immobilier (l’échange se fait dans le bureau de l’offreur ou du demandeur)

L’humain au centre du dispositif

Adhérer au RERS relève de l’initiative personnelle. Cela permet d’exprimer librement ses offres et demandes et de choisir sur quoi, avec qui et quand échanger des savoirs (à noter que les demandeurs estiment que 95% des objectifs qu’ils se fixent sont totalement atteints). Cette démarche de volontariat renforce la motivation et l’engagement des participants comme 91% d’entre eux le notent.

Comme toute démarche collective de ce type,  le sentiment d’être moins isolé es tout aussi important (98 % des participants actifs estiment que le RERS conforte les relations avec les collègues). Le RERS installe une relation de confiance « gagnant-gagnant » pour les participants, accélère l’intégration des personnes et donc renforce le lien social.

Cette relation de confiance à des impacts directs sur le travail  puisque  91 % des participants considèrent que ce réseau accroît la capacité d’oeuvrer en équipe (travail en réseau, meilleure communication au sein de l’entité, compréhension des difficultés des collègues…). Mais surtout ce réseau renforce la transversalité, puisque près de 60 % des échanges se font entre interlocuteurs ayant des fonctions différentes.

Bien sûr cela à un impact sur les modes de management, remettant aussi en partie la structure pyramidale au profit d’un fonctionnement plus en réseau, renforçant la cohésion d’équipe. Cela repose sur des règles simples :

  • Réciprocité : toute offre de savoir suppose une demande et toute demande doit être accompagnée d’une offre
  • Volontariat des personnes participantes
  • Liberté : aucune intervention du hiérarchique ou validation d’expert sur la participation personnelle, le choix des offres et demandes ou le contenu des savoirs échangés. Le seul engagement des participants est de respecter les orientations stratégiques de l’entreprise. Un contrôle a posteriori est effectué grâce aux fiches bilan remplies par les participants
  • Transfert de savoirs et non de service : j’apprends à faire et non je fais à la place de l’autre
  • Savoirs uniquement du domaine professionnel et détenus par la personne elle-même
  • Egalité des savoirs et des personnes est un principe du RERS.
  • Confidentialité : les participants s’engagent à ne pas diffuser les informations concernant les personnes rencontrées dans le RERS.

A la fin de l’échange, un bilan individuel est réalisé par les deux parties (demandeur/offreur) qui ont pu se joindre à travers le site du RERS ou une bourse d’échanges collectives.

Pour finir voici une liste non exhaustive des savoirs qui ont été échangés :

  • Elaborer un livret d’accueil pour les clients
  • Elaborer un plan de maîtrise des risques
  • Connaître les règles de mobilité interne et externe
  • Manager à distance
  • Accompagner un collaborateur en difficulté
  • Mener un entretien annuel d’appréciation
  • Connaître le nouveau système de comptabilité
  • Piloter l’animation commerciale dans un établissement courrier
  • Savoir dialoguer avec les organisations syndicales
  • Animer une table ronde clients
  • Comprendre le Lean Management
  • Savoir rédiger un CV
  • Animer un groupe de travail