Vers l’entreprise 2.0 : un jardin plutôt qu’une autoroute

 La semaine dernière je parlais de cauchemar de l’entreprise 2.0. Un des moyens d’éviter ce cauchemar passe par un accompagnement, de la conduite du changement (le mot est lâché, même si on devrait le faire évoluer) pour faire aboutir un projet de transformation de votre organisation, donc une évolution de sa culture et de ces processus vers une entreprise 2.0.

Maintenant entendons nous bien sur cette conduite du changement, sur cet accompagnement. Je ne parle pas de formation à l’outil et la maîtrise ou pour le moins la compréhension de ce dernier. Oubliez les grands programmes de formation sur les ERP, parlons plutôt de souplesse et d’adaptation.

Déjà, toujours pour revenir sur l’article de la semaine dernière, il est avant tout question de gouvernance. Les modes de gouvernance que je vais mettre en place correspondent-ils à un projet d’entreprise 2.0 ? Notamment l’empowerment de mes collaborateurs, donc une plus grande autonomie et une plus grande prise de risque. Au delà de l’acceptation, c’est aussi le soutien à ce type de fonctionnement. On en parle pas de laisser faire, mais bien de donner les moyens d’accompagner les collaborateurs dans cette démarche.

Si je reviens sur ces questions de gouvernance, c’est bien parce qu’elles sont déterminantes dans le changement et la façon dont-il va être mené par la suite. En laissant ces marges de manoeuvre et de liberté à mes collaborateurs, contrairement aux grands projets de conduite du changement des années 90, visant à aller d’un point A à un point B, je ne voyage pas sur une autoroute toute tracée, loin s’en faut. On est donc loin des péages et points de contrôle de l’avancée du projet me dirigeant vers le but de mon voyage, ce fameux point B.

Pour continuer à filer la métaphore, je ne suis plus sur une autoroute, mais dans un jardin. Mes acteurs de la conduite du changement sont des jardiniers et leur tâche n’est pas la même. Je souhaite faire fleurir mon jardin, certes, mais il y a plusieurs possibilités et il n’y a pas qu’une seule voie à suivre. J’ai donc bien un objectif, la fleuraison de ce jardin, mais ensuite, il y a une part d’incertitude, de chaos, comment mes plantes vont grandir.

Je ne suis pas adepte du tout laisser faire et penser que le projet va s’auto-réguler et s’autogérer, je pense que dans ce cas rapidement votre jardin sera peu fertile. Aussi pour faire grandir mes plantes, je vais les aider. Cela veut dire que bien sûr il y a des outils pour aider votre entreprise à se transformer comme la mise en place de réseau social d’entreprise par exemple. Mais aussi des techniques pour amener vos collaborateurs à évoluer dans leur culture, pour développer des attitudes collaboratives qui vont avoir de la valeur ajoutée pour les processus business. Des formes de tuteurs pour accompagner la pousse de vos plantes. Pourtant toutes ne vont pas pousser de la même manière, avoir la même forme. Il y a une part d’incertitude dans votre projet, même si bien sûr il y a des passages obligés, des exercices convenus, mais après…

Mais c’est aussi de cette part d’incertitude que vous allez le plus apprendre, que vous allez obtenir des réalisations inattendues, mais d’une qualité supérieure. Votre organisation évolue comme un organisme vivant, parfois plus vite que prévue, parfois plus lentement.

En fait, la façon dont vous aller accompagner votre projet va avoir une répercussion sur son développement à long terme. Vous avez donner de l’autonomie aux collaborateurs, transmis par différents moyens des savoirs et compétences, ils vont pouvoir se prendre en main et ne pas être sous perfusion et dépendant, jusqu’à  ce que vous partiez et que le projet s’arrête faute de soutien.

En fait pour reprendre un proverbe chinois :

Ce n’est pas le but de la promenade qui est important mais les petits pas qui y mènent

On est dans le même état d’esprit dans ce type de projet. Et bonne nouvelle, dans le cadre d’un management interculturel, ces principes de conduite du changement parleront à vos collègues asiatiques.

Avoir une vision c’est bien, indiquer une direction aussi, mais ensuite adapter votre démarche à votre contexte, vos intuitions, leurs envies. Développez votre conduite du changement…