Management 2.0 : l’innovation transverse dans l’entreprise

innovation2L’histoire a toujours donné un avantage concurrentiel aux nations comme aux entreprises qui savaient s’organiser en fonction de leur époque. L’empire de Charles-Quint était un modèle d’organisation décentralisée, tout comme celui de César pour la logistique de ses armées.

A la fin des années 90, les constructeurs japonais s’étaient assurés un avantage compétitif grâce à leurs organisations, en cassant les cloisons entre métiers et services de l’entreprise. On retrouve dans ces exemples une problématique d’innovation organisationnelle.

En effet, comment Time Warner en possédant Warner et AOL n’a pas pu créer un iTunes ? Nous sommes bien sur un problème d’ordre structurel. Les structures en silos sont efficaces pour l’application de la stratégie de l’entreprise, mais leur manque de communication transversale, limite voir empêche un certain nombre d’innovations.

Il va s’agir de prendre appui sur les réseaux informels de l’entreprise pour permettre une collaboration visant à développer les innovations. Non orientés, ces réseaux informels ne seront pas féconds en terme d’innovation, d’où le besoin de création de communauté d’innovation pour animer ces échanges. Le cycle de création des communautés d’innovation passera par 3 temps forts :

  • Trouver les bonnes personnes: Certains collaborateurs sont des acteurs clés dans les processus d’innovation. De plus, ils sont à même d’identifier les personnes qui peuvent interagir pour développer des pistes de progrès.
  • Donner les moyens d’agir : Ces personnes ressources, si elles sont en mesure de découvrir de nouvelles opportunités, sont rarement en mesure de pouvoir réunir les ressources nécessaires.
  • Faire le lien : Si ces collaborateurs sont reconnus pour leur rôle de facilitateur/passeur, ils n’ont cependant pas les moyens d’amener les différentes divisions de l’entreprise à collaborer sur une simple idée. Il faut donc renforcer les liens entre les personnes et entre les silos de l’organisation en créant un climat de confiance et en diminuant les rivalités.

Cela nécessite un véritable sponsor qui va permettre à ces collaborateurs de donner de leur temps à l’ensemble de l’entreprise (donc pas à leur business unit et par conséquent courir le risque de diminuer les résultats de celle-ci dans un premier temps).  Ce sponsor qui peut répondre à ces trois problématiques, va permettre à cette communauté de détecter les moteurs de progrès et les développer.

Je ne reviens pas ici sur l’organisation de ces communautés (réunions communes, formation transversale…), mais je ferai juste trois remarques :

  • Il est important que cette communauté propose elle même son mode de fonctionnement (ce qui n’empêche pas de la guider dans la démarche) ;
  • Cette communauté ne doit pas avoir un but trop précisément défini. Elle doit cependant être alignée sur les objectifs de l’entreprise. L’expérience de Toyota au début des années 2000 montre qu’un but clair et définit, empêche l’innovation car les collaborateurs appliquent et ne cherchent pas, ne réfléchissent pas. Les contradictions conduisent à la créativité et à l’innovation par l’effet des tensions et des frottements. L’innovation nait de la pluralité des points de vues et des débats (présentiel/distanciel, synchrone/asynchrone) qui en découlent ;
  • Durant cette démarche il ne faut pas oublier de rester ouvert sur l’extérieur grâce à une veille métier/transverse des participants (veille qui pourra devenir collaborative), puisqu’elle vient grandement alimenter les réflexions.

Au delà de l’innovation organisationnelle, cette problématique concerne également le rapport aux clients et touche donc le sujet de l’innovation ouverte.

inno_trans_ouv

Pour conclure, une démarche d’innovation transverse ne remet pas en cause
l’organisation, mais les « pionniers » pourront en tirer pleinement parti quand ce processus sera à maturité, tandis que les autres en seront encore à essayer d’en comprendre les mécanismes. La crise actuelle peut-être un puissant moteur dans l’acceptation de solutions de rupture ; les processus classiques
n’étant pas assez performants ou en échec quand il s’agit de développer de l’agilité.

In

novation ouverte Innovation organisationnelle
Utiliser le réseau de clients et partenaires
pour produire de nouvelles idées
Utiliser les collaborateurs des différents silos
pour produire de nouvelles idées
Produire des services complémentaires sous
forme de packages
Produire des services complémentaires sous
forme de packages
Tirer parti du processus de co-création en
utilisant la notoriété de la marque pour la
diffusion
Tirer parti du processus de co-innovation en
utilisant la notoriété du sponsor pour les
diffuser dans l’entreprise
Attirer et motiver les contributeurs, mais
faire aussi évoluer ce réseau de contributeurs
Attirer et motiver les contributeurs, mais
faire aussi évoluer ce réseau de contributeurs
Savoir partitionner la problématique, afin de
permettre à un maximum de contributeurs de
s’investir dans la partie où ils excellent, sans
pour autant maîtriser l’intégralité du
problème
Au choix (partition ou globale) selon
l’objectif donné à la communauté
Manager et organiser la co-création, à travers
un processus transparent et accepté par tous
Manager et organiser la co-innovation, à
travers un processus transparent et accepté
par tous
Tenir compte des avis des communautés de
professionnels et de consommateurs
Tenir compte des avis des managers des BU
pour enrichir le débat
Voir les avis aboutir à un résultat concret est
très important. Le « fun » est aussi un puissant
moteur au sein de ces communautés.
Voir les avis aboutir à un résultat concret est
très important. Le « fun » est aussi un puissant
moteur au sein de ces communautés.