L’intelligence économique au Vietnam

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Cet article est ma contribution retenue pour le 2e colloque européen d’intelligence économique de Lisbonne qui s’est déroulé l’année dernière. Dans le cadre de l’atelier IE et mondialisation, elle porte sur l’intelligence économique au Vietnam (plus largement voir l’article sur l’IE et les PED)

En voici le synopsis :

Dans les années 80, le Vietnam sort de plus de quarante années de guerre, le pays est exsangue et doit faire face à la famine. En 1986 le Vietnam lance alors un processus de transition économique le Doi Moi (renouveau). C’est à ce moment que le pays s’engage dans des réformes visant à restructurer son appareil réglementaire, administratif et à transformer progressivement une économie centralement planifiée en une économie de marché conservant des caractéristiques socialistes. Entre 2000 et 2005, la croissance de l’économie vietnamienne fut la deuxième plus rapide du monde (8,4 %), avec des investissements étrangers qui ont triplé de volume. Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Pendant des années, le Vietnam a connu la guerre et il est bien décidé à mettre à profit ce « savoir ».

Ainsi en 1997, le parti communiste vietnamien fait traduire l’ouvrage de Christian Harbulot, Technique offensive et guerre économique. Le Vietnam souhaite mettre en place une recherche de puissance doublée d’une politique de sécurité économique. L’appareil d’état se tourne alors vers cette volonté chère au marxisme : parvenir à gérer les contradictions. En effet, le Doi moi doit faire cohabiter économie de marché et socialisme. De même, il faut aussi mener une politique d’ouverture en l’accompagnant d’un « patriotisme économique ». Il s’agit donc de comprendre comment le Vietnam cherche à développer une stratégie de puissance afin d’étendre son influence, doublé d’une stratégie d’influence basée sur l’avantage compétitif du pays pour mieux négocier, coopérer et ainsi préserver au mieux sa sécurité économique.

Cette stratégie de puissance commence par une volonté d’émancipation vis-à-vis de la Chine et élargir son champ d’action au niveau mondial. Si la question économique est importante, elle n’est pas la seule développée. Ainsi, le Vietnam souhaite faire monter en puissance son poids diplomatique, et avec succès, au sein des organisations onusiennes. Après l’avoir longtemps ignoré, le Vietnam va pleinement utiliser son réseau d’expatriés que constituent les Viêt Kiêu, de deux façons différentes. D’une part, pour attirer les capitaux de ces derniers ou s’en servir comme promoteur de leur pays d’origine. D’autre part, ils vont devenir un véritable réseau de diffusion de connaissance pour le Vietnam, notamment dans les secteurs comme les nouvelles technologies. L’entrée dans l’OMC du Vietnam va considérablement changer la politique de développement du Vietnam. Il met en place de nombreuses réformes administratives pour attirer les investisseurs et se distinguer de ces voisins asiatiques.

Une véritable politique de séduction est aussi développée, plus particulièrement en direction de l’Union européenne et des États-Unis mettant en avant les avantages concurrentiels. Dans le même temps, cette ouverture des marchés oblige le Vietnam à modifier les habitudes de ses industries. Ces dernières doivent se regrouper pour se renforcer face à la puissance des grands groupes étrangers, comme dans le secteur de la banque-assurance, elles doivent aussi mettre en place de nombreuses associations professionnelles pour conseiller leurs entreprises membres dans leur nouveau mode de développement comme dans la distribution.

Si l’avenir n’est pas encore écrit, le Vietnam semble disposer d’un certain nombre d’armes qui vont faire de lui un pays avec lequel il faudra compter à l’avenir.

Cet article existe aussi en version anglaise

Intelligence économique au Vietnam