Marque employeur et risques psychosociaux

Ergonomie-risques-psychosociauxLe gouvernement a publié le 18 février une liste de 1500 entreprises de plus de 1000 salariés suivant leur degré d’avancement de leur politique anti-stress. La liste se divisait en 3 catégories (verte, orange, rouge) selon leur implication sur ces questions, reprennant ainsi le concept anglo-saxon du Name and Shame. Ce classement était lui même présenté de manière régionale.

Petite définition du Name and Shame : C’est une pratique visant à décourager certains types d’activité (généralement anti-sociales ou pénales) en publiant les noms des personnes impliquées. Le terme a été inventé par les journaux britanniques dans les années 1980.

Dans le cas qui nous intéresse, 294 entreprises sont dans la liste verte (des négociations syndicales ont eu lieu ou un plan d’accompagnement est en place). 489 sont listées en orange (un diagnostique est en cours, et les autres, soit 717 entreprises ne s’occupe pas de cette question ou n’ont pas répondu.

Si on regarde bien seule 20% des entreprises ont engagé une action dans ce sens (sans préjuger de la qualité du plan ou accord mis en place). Est-ce à dire que ce problème n’est pas important pour elles ?

En tout cas, en moins de 24h, les entreprises concernées par les listes oranges et rouges, sans compter les différents réseaux patronaux, ont su jouer de leurs téléphones pour faire retirer ces listes du site du ministère du Travail. Un désaccord sur la méthodologie (c’est marrant il y avait eu le même avec la Halde qui mettait aussi en cause des entreprises).

Il est intéressant de voir si ce contre-feux ainsi allumé va suffire. En effet, le jour où ces listes ont été mises en ligne, il y a eu 40 fois plus de connexions qu’en temps normal. De plus, même si les listes oranges et rouges ont été retirées du site du Ministère, on peut-être sûr qu’elles vont réapparaître ailleurs sur le net. (Backchich info vient de publier la liste rouge)Ou plus simplement, si mon entreprise n’est pas dans la liste verte, il y a de grandes chances qu’elle est été dans l’une des deux listes retirées.

Pourquoi parler de marque employeur et pas juste d’e-reputation. Pas besoin d’aller chercher bien loin pour comprendre que ces listes risquaient largement de nuire à l’image de ces différentes sociétés. Si je fais le détour par le question de la marque employeur, c’est qu’il me semble que c’est là  que la question va être la plus prégnante. En effet, peu de chance que les français se mettent à boycotter telle ou telle marque pour ces raisons (et puis les français ne sont pas aussi assidu que d’autres nations sur les questions de boycotte). Quant à la cotation boursière, la responsabilité sociale n’est pas non plus encore vraiment entrée dans les moeurs, sauf pour les fonds éthiques.

Revenons rapidement sur une petite définition de la marque employeur : c’est quand une entreprise, ou un secteur/métier de cette entreprise, est mis en avant afin d’être perçue de manière positive et attractive pour une population cible (dans le but éventuel de la recruter).

Au delà du salaire, l’ambiance de travail n’est pas à négliger. Un turn-over (sans parler des arrêts de travail à répétition et des suicides dans le pire des cas) important ne pourra qu’être préjudiciable à l’entreprise dans ses tentatives de recrutement quand cela se sait.

La majorité des personnes cherche avant tout un travail dans leur bassin local d’emploi. Le découpage régional du ministère du Travail renforce donc cet aspect. Je peux voir autour de chez moi, là où je vais chercher un emploi en priorité, quels sont les entreprises où il fait bon vivre. Pas sûr que cela soit très vendeur auprès de futurs collaborateurs que l’on souhaite recruter si l’on est pas présent dans la liste verte.

Dans ma définition je n’ai pas abordé le côté interne de la marque employeur. Celle-ci doit aussi être portée par les collaborateurs de l’entreprise qui doivent être convaincu du bien fondé de cette image de marque. On peut supposer que de nombreux collaborateurs ont été voir ces fameuses listes (au moins leurs IRP) afin de voir où se situait leur entreprise. Là encore au niveau du feedback, si je souhaite contacter quelqu’un dans l’entreprise, pas sûr que le message soit très positif (mais bon les collaborateurs n’ont pas du attendre les listes pour savoir qu’on ne rigole pas tous les jours en interne, après entre le non-dit et l’officiel, c’est un peu différent…).

Clairement cette question des risques psychosociaux au regard des nombreux rapports qui sont émis ces derniers temps, va rapidement être (est ?) en haut de l’agenda des politiques et des entreprises. Et cet aspect dans un cadre de marque employeur est très important. Surtout qu’il est plus facile de voir sa réputation entachée, que de regagner ensuite la confiance de ses (futurs ?) collaborateurs.

Alors à votre avis, ces listes vont-elles avoir un impact sur la marque employeur ?