Médias sociaux : l’armée un exemple ?

 L’armée américaine  nous a habitué à être assez pro-active sur la question des médias sociaux. Il y a quelques années, j’avais traduit un processus proposé par l’armée de l’air des USA pour savoir quand et comment répondre à des commentaires positifs ou négatifs sur internet. Depuis 2010, l’armée américaine met en ligne son guide d’usage des médias sociaux (ici la version 2011). C’est autour de l’armée française de proposer son guide à ses soldats, leur famille et plus largement « afin d’échanger avec toutes les personnes intéressées par la Défense ».

Mieux vaut tard que jamais.Voyons ce que nous propose le ministère de la Défense.

Le constat est sans appel, l’armée à prise conscience que « Facebook, Twitter et Dailymotion, pour ne citer qu’eux, sont des réseaux sociaux quasi incontournables ». Fort de ce constat elle propose un guide dont l' »objectif est de vous aider à utiliser ces médias, à vous poser les bonnes questions avant de publier certains contenus et de vous sensibiliser aux risques potentiels lorsque vous publiez des photos, des vidéos, des informations relatives à une opération, à votre situation personnelle ». Guide assez court d’ailleurs une vingtaine de pages contre un guide de l’US Army 2,5 fois plus épais. Qualité versus quantité, à voir…

Au début, on retrouve l’esprit qu’on trouvait jusqu’à présent surtout chez les anglo-saxons, à savoir présenter le guide comme une aide et un accompagnement. La dernière phrase de l’introduction, « il est fait appel à votre bon sens et à la responsabilité de tous », semble l’illustrer. On retrouve l’unique règle d’une charte d’usage des médias sociaux selon le New York Times « Don’t be stupid ». D’ailleurs il s’agit bien d’un guide et pas d’une charte (il serait d’ailleurs intéressant de savoir s’il en existe une au sein de l’armée).

Ca continue ensuite avec du bon sens, invitant chacun à vérifier les paramètres de confidentialité des profils Facebook. Quand on sait qu’elles sont souvent modifiées sans préavis, c’est en effet pas du luxe. Puis une liste de conseils, notamment sur la publication de photo sur le mur.

Malheureusement cette ouverture d’esprit s’arrête là.

L’ouverture de l’introduction laissé penser que l’ont aurait une partie assez allégée sur les interdictions et pourtant sous la rubrique « Pensez à« , on retrouve tout de même pas mal d’interdit. Et au final c’est ce qui ressort de ce guide. Une série d’interdictions et de rappels aux règlements et lois.

Donc finalement, pas de guide d’usages pour comprendre comment marchent ces différents médias sociaux et la différence entre chaque (un guide didactique et pédagogique au final aurait été utile). Pas un guide de bonnes pratiques, mais un recensement d’interdiction.Si on fait remonter les risques, on ne met pas vraiment en valeur les côtés positifs de ces médias. Une vision très manichéenne des médias sociaux, juste un milieu hostile.

Leurs collègues américains mettent aussi en garde leurs soldats, mais ils ont aussi le mérite de mettre aussi en avant l’ensemble des côtés positifs de ces médias. La liste des don’t est 2,5 fois plus courte que celle des do par exemple pour l’utilisation de twitter. Et les don’t ne sont pas que des interdits mais aussi de bons conseils.

De même, on trouve de nombreux exemples positifs incitant à les utiliser (même si parfois il y a un petit côté propagandiste…)

Allez encore un petit effort messieurs les militaires, une V2 plus pédagogique et plus incitative l’année serait un vrai plus. Et puis n’oubliez pas, la base du collaboratif, c’est la confiance !