Comme tous les vendredi, un petit détour par le monde anglo-saxon. Cette semaine un billet de mon ami Bjoern Negelmann (il est allemand, mais l’article d’origine est en anglais), le grand ordonnateur de l’enterprise 2.0 sumit. Gamification/ludification un concept de plus en plus en vogue, dont on a pas mal parlé au summit de février, ce qui n’empêche pas Bjoern de s’interroger sur ce mot, mis de plus en plus à toutes les sauces. Et en effet, on le retrouve de plus en plus présent au sein des solutions de réseaux sociaux d’entreprise (RSE).
Tout d’abord, une petite définition pour ce mot qui ne fait peut-être pas sens. On ne va pas réinventer la roue, on va l’emprunter à l’ami Thomas Pichon de Blogspirit :
La Gamification, c’est le transfert des mécaniques du jeu dans des domaines où elles ne sont pas nativement présentes (formations, situations de travail, réseaux sociaux…), afin d’augmenter l’acceptabilité et l’usage en s’appuyant sur les prédispositions humaines au jeu.
J’aime ce concept de prédisposition humaine à jouer, cela me rappelle cette vieille publicité de Fred et Farid pour la Xbox
Mais revenons à l’article de Bjoern, qui s’il a réagit, c’est qu’il trouve que bien souvent on n’explique pas comment le côté ludique va rendre un RSE plus attractif. Il y a une forme de promesse sans réelle explication du processus.
Les réseaux sociaux d’entreprise porte déjà en eux cette part de ludique à travers la récompense sociale que nous offre les autres utilisateurs (idée de tribu), récompense qui grandit avec la taille de notre réseau. Donc qu’est-ce qu’apporte de plus ce concept de gamification ? Car au final, on ne fait que transférer des fonctions déjà intégrées dans les RSE ,au concept de « gamification », ce qui déjà n’est pas rien :
- Like et commentaires : représentent une forme de récompense sociale de basse intensité
- Les réponses : fournissent une récompense indiquant que la personne a été écoutée
- Le tableau de bord : qui indique les articles et documents à lire, représentent une reconnaissance sociale plus importante et souligne l’autorité de la personne
- La suggestion de mise en relation : simplifie la recherche de compétence et d’expertise et donne satisfaction à la personne qui a atteint son but plus facilement
Tout cela fait que les technologies sociales sont déjà ludiques à travers leur processus d’adoption. Fournir des badges ou d’autres systèmes d’identification renforcent cet existant et peut mobiliser plus de monde. Mais la plus grande satisfaction  sera de résoudre des problèmes internes, et cette satisfaction sera plus importante que n’importe qu’elle reconnaissance virtuelle.
Je partage en partie l’avis de Bjoern, mais j’irai plus loin. Ok, je suis content de résoudre un problème au sein de mon entreprise et mes collègues me remercient. Mon ego est content et après, comment me remercie mon entreprise ? Puisqu’elle m’évalue et que cela est censé avoir une influence sur mon salaire et ma carrière, pourquoi cet investissement et surtout les succès qui en découlent ne seraient pas pris en compte ?
Je ne crois pas que la récompense de l’ego soit suffisante à long terme. Surtout que cette vision ethnocentrée est celle d’occidentaux bien payés et installés. Je peux vous dire que dans les pays émergents comme l’Asie, que je connais bien,  on attend une récompense sonnante et trébuchante, sinon on finira rapidement par aller « s’amuser » ailleurs. Pourquoi ?Par ce que par exemple en Chine chez beaucoup de cadres, si je n’ai pas les moyens d’avoir une voiture et un appartement, c’est mal partie pour me marier. Et ça, c’est beaucoup plus important que la reconnaissance de mes collègues.