Médias sociaux : l’effet Whuffie

Comme vous le savez sans doute, le livre de Tara Hunt The Whuffie Factor est paru en français cet été. Les Editions Diateino m’ont contacté via Facebook et me l’ont fait parvenir (merci à eux) et je dois dire que je ne le regrette vraiment pas. Donc puisque septembre est le mois de la rentrée littéraire, mon billet de reprise porte donc sur ce livre, qui à mon avis est à se procurer pour ceux intéressés par les questions de médias sociaux, communautés, social CRM…

Ce livre m’a vraiment séduit, tant sur la forme que sur le fond. En effet, généralement les ouvrages américains partent d’un excellente idée pendant le 1/3 tiers du livre puis on relit la même chose écrit différemment les deux tiers suivants. Là, j’ai lu des choses différentes du début à la fin. Le choix de l’écriture sous la forme de la conversation qu’ont su conserver les traducteurs (notons à ce propos que la traduction s’est faite de manière collaborative et collective) est vraiment très agréable, et le choix du tutoiement correspond bien à cette ambiance qui se dégage. On retrouve ce qui fait la force du storytelling, une histoire agréable à lire qui donne envie pour le moins de s’identifier voir de participer, c’est rafraichissant. Surtout que l’ensemble des conseils sont illustrées à l’aide d’exemples parlant issus de tous secteurs avec des entreprises de différentes tailles (TPE/multinationale).

Rafraichissant, car si ce livre s’adresse notamment aux entrepreneurs et aux entreprises, dans un cadre de développement du business à travers des communautés sur un modèle social (SCRM), on trouve surtout une philosophie du don, du collaboratif. On parle business, mais parle aussi et surtout de valeurs. On parle de réussite, mais aussi de transparence et d’honnêteté. Bref on parle d’humain, de relations qui génèrent certes du profit, mais dans une relation gagnant-gagnant et de partage.

D’ailleurs généralement le Whuffie est considéré comme une monnaie sociale, avec un compte (comme un compte en banque) mélangeant reconnaissance, e-reputation, influence… Pour ma part, mais peut-être est-ce lié à mon intérêt pour l’Asie du Sud-Est, j’y vois plus plutôt une image de ce que peut-être le Karma dans les réseaux sociaux (virtuels ou non), selon une vision bouddhiste simplifiée (oui les hindouistes par exemple en ont une autre). Voici donc une rapide définition du karma qui pourrait être la définition du whuffie :

Le karma est la somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire ou fera. Le karma que l’on crée en agissant est essentiellement favorable ou défavorable, positif ou négatif.Ainsi, si l’on donne quelque chose à quelqu’un de manière désintéressée, on crée du karma positif. Ce n’est pas le cas, en revanche, si l’on donne parce que l’on attend quelque chose en retour.

Donc, pour gagner du whuffie ou du karma positif, Tara Hunt énonce 5 règles à suivre, simples, mais qu’on perd souvent de vue dans le feu de l’action de la gestion d’une communauté ou de son réseau social, qu’il soit personnel et/ou professionnel.

  • Faire circuler le micro : arrêter de parler et commencer par écouter

On ne le répétera jamais assez, les médias sociaux sont de la conversation, pas un discours à sens unique. Pour comprendre ce que veulent les gens, il faut savoir les écouter avant de les « assommer » avec votre « discours de vérité ». Mais surtout cela va vous permettre d’améliorer vos produits/services à travers cette relation, donc un gain réciproque.

  • Faire corps avec la communauté que l’on sert

Et oui, chaque communauté est différente dans ses besoins, attentes, développement. Il faut donc en faire réellement partie et s’investir (important le mot servir, on ne sert pas de sa communauté, on est à son service). C’est cela être orienté client. Ces deux premières règles sont exactement ce que vous pouvez trouver dans cette présentation (slide 09) que j’avais faite.

  • Etre reconnu et créer une expérience extraordinaire pour tes clients

Si la reconnaissance peut venir assez facilement sur les médias sociaux (facilement ne veut pas dire rapidement), quoiqu’il en soit ce que vous vendez doit être de qualité. Sinon même avec un excellent relationnel, votre réseau sera uniquement relationnel (même si on vous considère comme la personne plus sympa du web), mais vous n’aurez pas de client. Par contre ce relationnel vous permettra de faire connaître votre produit et vos relations ne seront pas que des clients, mais surtout vos promoteurs.

  • Accepter le chaos, évitez de vouloir trop planifié

Là encore j’appelle le bouddhisme à la rescousse car cela se résume en une phrase de base du bouddhisme : « savoir lâcher prise ». Comme tout à l’heure pour ces deux règles, même présentation, mais slide 08.

  • Le capital social n’augmente en valeur qu’avec ce que l’on donne

Tara développe deux idées en fait. Savoir donner pour recevoir, mais pas dans un but de gain, juste donner pour donner, savoir être désintéressé et donner du sens avant tout.

Je voudrais conclure sur un point que j’avais abordé ici dans le dernier paragraphe de l’article, avec l’expérience de Sony, mélangeant personnal branding et image de l’entreprise. Tara Hunt le démontre tout au long de son livre, développer son personal branding permet aussi de le mettre au service d’une entreprise, contrairement à ce que pense majoritairement les entreprises françaises.

Bonne lecture, j’espère qu’il vous plaira autant qu’à moi.