KM et travail collaboratif dans les entreprises françaises

J’étais la semaine dernière au Centre d’analyse stratégique pour assister à la conférence « serious game et e-learning ». Je passe sur les péripéties de deux salles, dont une d’où on ne pouvait pas voir les slides projetées (celle où j’étais). Car finalement je connaissais la teneur de l’intervention sur le e-learning et web 2.0 et j’avais déjà vu les présentations de daesign de nombreuses fois (même si l’apport de José Milano d’Axa était très intéressant). Quant à la première intervention, j’avais en version papier les résultats de l’enquête de la CCIP intitulé « baromètre 2008 sur le e-learning« . Mais c’est bien cette dernière qui m’intéresse, sur son versant knowledge management et travail collaboratif.

Je ne parlerai donc pas de la solution de serious games de daesing que je trouve très bien, mais qui mérite d’être vu. Concernant le côté e-learning et web 2.0, je crois que ce n’est pas pour tout de suite, ni dans l’entreprise, ni dans l’éducation nationale, si on s’en tient à ce que j’ai entendu. Car les plus que l’usage des outils, c’est aussi la posture du formateur et des formés qui doit évoluer, et là le chemin semble encore long, tout au moins pour le formateur. Si le sujet vous intéresse je vous conseille cette présentation.

C’est donc sur la première intervention que je vais insister, car au delà de la question du e-learning, elle aborde les thèmes du KM et du travail collaboratif dans les entreprises françaises. Si sur ce blog, j’ai déjà abordé ce thème, les statistiques reposent la majorité du temps (tout le temps ?) sur des chiffres au niveau mondial ou américain. Dans ce baromètre, on a un retour sur 2000 sociétés de tout secteur confondu.

Tout d’abord la question de la diffusion des connaissances et de l’information est abordée :

  • 41% des connaissances et informations diffusees par mail
  • 33% par l’intranet general
  • 27% par une newsletter
  • 15% par lintranet metier
  • 8% par un blog interne

On peut voir, que le mail demeure largement majoritaire et que le recours à la newsletter demeure aussi important. Cela laisse rêveur qu’on on voit Google qui annonce que Wave comme une évolution de la façon de communiquer et notamment par rapport à l’email.

Considérant que la majeure partie des informations circulent par l’email, 80% de ces entreprises n’ont pas mis en place une démarche de knowledge management. Là encore cela laisse dubitatif au regard de la situation actuelle. Entre la crise et les licenciement et les départs à la retraite, c’est tout un ensemble de savoirs, savoirs faire et savoirs être, non capitalisés, qui vont être perdus pour l’entreprise.

Quant à celle qui ont mis en place une démarche de KM, elles sont 60% à constater que cette démarche ne développe pas une culture du partage au sein des collaborateurs. On retrouve là le côté KM à « l’ancienne », reposant sur le stock et non le flux. Les informations sont classés dans des sous-dossiers, eux même classés dans des dossiers, rangés dans des répertoires. Un espèce de congélateur des connaissances qui ne fait pas sens. Heureusement, 34% ont mis en place des communautés de pratiques pour accroître le partage d’information et de connaissances.

Voici enfin les chiffres qui font que j’ai choisis de vous parler de ce baromètre, ceux concernant le travail collaboratif au sein de l’entreprise. Contrairement à ce que beaucoup mettent en avant, l’entreprise 2.0 n’est pas là pour permettre uniquement de générer des discussions comme avec le web 2.0, mais bien pour générer un gain pour cette dernière (j’espère que cela génère aussi un gain pour le collaborateur, ce qui doit être en partie le cas, puisque dans les entreprises collaboratives, le taux de rétention est plus important). Parmi les entreprises qui ont mis en place une logique de travail collaboratif, elles sont 38% à considérer que le travail collaboratif augmentent le partage de connaissance, 30% l’apprentissage informel, 29% la réactivité/productivité et 3% que cela ne change rien.

Je trouve ces chiffres particulièrement illustratifs, et pour une fois ils sont liés à une enquête française, tous secteurs confondus. Puisque généralement j’entends des clients me dire, que cela se passe aux Etats-Unis et surtout dans le secteur de la high tech. Visiblement d’autres entreprises en France ont fait le pari de l’entreprise 2.0 et ne le regrettent pas. Et puis comme souvent l’Europe copie ce qui vient de la Silicon Valley, autant prendre un peu d’avance pour une fois…