Entreprise 2.0 : bilan de l’année en trompe l’oeil

 En ce moment il est de bon ton de tirer à boulet rouge sur l’entreprise 2.0, lui trouvant de nombreux défauts… je ne vais pas reprendre ici les différents articles qui entre dans cette catégories. Cela ne veut pas dire que qu’il n’y a rien à critiquer, mais jeter le bébé avec l’eau du bain me semble excessif. Ca tombe bien, comme chaque année Mc Kinsey sort son étude l’entreprise 2.0, réalisé auprès de 4261 cadres de tous horizons géographiques et professionnels. Est-il aussi mauvais que ça, c’est ce que nous allons voir ?

50% des entreprises interrogées ont déployé un réseau social et 72 une technologie dite sociale (comme un blog). Bien sûr ces technologies sont surtout présente dans le secteur des télécommunications (86%), mais aussi dans bien d’autres comme l’administration (74%), le secteur des transports (69%) et celui de l’énergie (62%) en dernier. Voyons donc les gains sur les 3 dimensions de l’entreprise 2.0.

Tout d’abord l’interne (RSE et travail collaboratif), même si les gains sont encore importants, ils sont en léger retrait par rapport à l’année dernière :

  • Accélérer l’accès à la connaissance : 74%
  • Réduction des coûts de communication : 58%
  • Facilité l’accès aux experts internes : 51%

Dans une démarche externe, orienté client, aussi une légère baisse sauf sur le premier item

  • Accroissement de l’efficacité marketing : 69%
  • Accroissement de la satisfaction client : 47%
  • Réduction des coûts marketing : 43%

Enfin la dernière dimensions, concernant les partenaires externes, c’est plutôt en hausse

  • Accélérer l’accès à la connaissance : 65 %
  • Réduction des coûts de communication : 61%
  • Facilité l’accès aux experts externes : 50%

Comme l’année dernière, les entreprises fonctionnant totalement en réseau sur les 3 dimensions de l’entreprise 2.0 sont peu nombreuses, mais voient leurs collaborateurs s’emparer de ces technologies dans leur travail quotidien (80%) contre 49% pour ceux qui ne pratique que du collaboratif en interne ou 18% pour ceux qui débutent sur cette voie (les entreprises qui n’en sont pas à leur première année voient ces technologies s’intégrer de plus en plus dans le travail quotidien et apporter de plus en plus de bénéfices).

De même, les entreprises sur les médias sociaux sont plus nombreuses que celles qui ont déployées du collaboratif en interne. Mais au final, les entreprises connectées en interne et externe estiment un accroissement de 26%  des bénéfices internes, 21% sur les benefices liés au consommateur et 24% sur les relations avec les partenaires. Ce pourcentage étant bien supérieur à ceux qui ne sont présents que sur une facette de l’entreprise 2.0 : 18% de bénéfices internes pour les entreprises connectées en interne et 13% de bénéfices clients pour celle connectées en externe.

Pourtant malgré ces pourcentages encourageants, beaucoup d’entreprises plutôt que de renforcer cette intégration d’un fonctionnement en réseau, sont revenues en arrière pour 50% d’entre elles. Tandis que seulement 15% d’entre elles ont ajouté une nouvelle dimension à celle existantes. Il semble qu’il est plus facile de perdre les avantages des technologies sociales que de devenir une entreprise en réseau, ce qui suggère que des efforts importants sont nécessaires pour obtenir des gains. Est-ce la raison pourquoi tout le monde se montre aussi critique aujourd’hui ?

Pourtant beaucoup de collaborateurs pensent que d’ici 3 à 5 ans, les processus des organisations auront aussi évolué et permettront des gains importants grâce à un SI social et une intégration aux processus quotidien de travail. On ne le dira jamais assez, une entreprise 2.0, ce n’est pas la mise en place d’un outil, mais bien l’évolution des processus et mode de management pour rapprocher ceux-ci du collaboratif et lui donner sa pleine mesure (elles sont pour le moment à peine 2% à se considérer comme telle dans ce panel). Pour le moment les processus RH comme l’évaluation et la rémunération sont en retraits, ces derniers demandant une plus grande maturité.

On en est bien au début de la vague de l’entreprise 2.0, le porte étendard reposant sur l’usage de technologies, alors que la vraie valeur ajoutée repose sur l’évolution des process RH. Si cela n’est pas nouveau, par contre le recul de certaines démarchent collaboratives confirment que dans ce type de projet ce n’est jamais gagné et qu’il faut savoir évoluer en permanence, car il est plus facile de régresser plutôt que de progresser. La question du changement permanent se pose aussi pour l’entreprise 2.0, finalement le corollaire de l’agilité.

Pour les détails je vous conseille d’aller voir les nombreux tableaux de l’étude.