Entreprise 2.0 et #RadioLondres

J’ai déjà parlé des élections présidentielles et de l’entreprise 2.0 sur ce blog. Si vous êtes en France, francophone, ou pas, il y a tout de même peu de chance que vous ayez échappé aux élections présidentielles en France et au phénomène #RadioLondres qui s’est mis en place sur Twitter. On peut apprécier, regretter (je ne parle pas des résultats, je parle de la diffusion des résultats/estimations à tous avant l’heure officielle), toujours est-il que les choses sont en train de changer. La commission des sondages peut rappeler les règles qu’elle souhaite, la réalité est tout autre. Pensez vous vraiment que c’est différent dans votre entreprise ?

Pour les habitués du monde de l’entreprise on retrouve un peu le même phénomène. De tous temps les managers détenaient les informations avant les autres et les diffusaient quand cela étaient prévu. On retrouve là le système décrit pour les élections, les partis qui ont les résultats en avance et qui les gardent pour eux. Pour avoir pas mal de copains dans les partis, je profitais souvent des résultats en avance sur l’horaire officiel. Même phénomène en entreprise, radio moquette (avec comme pour twitter son lots d’approximation, délires, intox, vraies informations…) certains profitent des informations avant les autres.

La mise en place d’un réseau social d’entreprise (RSE) change la donne, notamment au niveau de la communication interne, par rapport à l’intranet traditionnel. Combien de responsables de la communication interne se demandent comment faire avec ce nouvel outil, mais surtout ces nouveaux usages. Accélération des nouvelles, chacun peut commenter, on est loin de la communication top-down. Les managers qui conservent l’information pour asseoir leur autorité vont avoir plus de mal, même si toutes les informations ne vont pas se diffuser comme cela.

Je ne vais pas rentrer ici dans le débat intranet/RSE qui pourrait être le sujet d’un autre billet. Mais je voudrai surtout souligner comment les candidats ont surpris leur état major en faisant des annonces en direct non prévues. J’ai déjà abordé la question avec des directions de  la communication qui voyaient leur joli plan de communication remis en question par le PDG qui intervenait directement via leur blog ou le RSE, court-circuitant les canaux officiels. Dans les deux cas, on ne remet pas en question les diffusions du boss et on doit s’adapter.

Alors vous allez me dire, mon dieu le RSE me fait perdre tout contrôle, il ne faut surtout pas que j’en installe un chez moi. Une réponse rapide à ce réflexes de repli. De plus en plus de clients viennent me voir pour m’expliquer que leurs collaborateurs ont monté des groupes sur Facebook ou Linkedin pour échanger sur des sujets liés à l’entreprise. Vous voilà donc renvoyé dans vos buts comme la commission des sondages qui vitupère dans son coin, se ridiculise, mais au final ne peut rien. Je préfère avoir chez moi un lieu d’expression que je gère plutôt qu’un ersatz externe, et surtout si rien n’empêche mes collaborateurs de discuter entre eux, autant participer à la discussion. Une cliente dernièrement me disait qu’elle ne souhaitait pas que ses collaborateurs discutent d’un problème à propos d’un raté produit. Tous étaient déjà au courant, en discutaient de manière informelle ou par email, mais elle ne voulait pas le voir sur le RSE. Bienvenue dans la politique de l’autruche. Pour ma part je préfère savoir ce qui se passe et essayer d’arranger les choses avec mes équipes plutôt que faire la sourde oreille et diffuser la bonne parole de la communication à mes équipes, cela ne sert à rien.

Là encore au cours d’une discussion avec le responsable d’un RSE, il regrettait que les discussions sur les RSE soient assez formelles et manque d’humour à de trop rares exceptions près. On peut travailler et être détendu, ce n’est pas contradictoire. D’ailleurs un des succès de #RadioLondres est son côté imagination au pouvoir à travers de l’humour.

La société change, avec des gens de plus en plus informés, qui participent de plus en plus et interagissent, pour résumer. Pensez vous que le monde de l’entreprise peut échapper à ce phénomène, à ce changement culturel ? La question est : serez vous du côté du ceux qui campent sur leur position et reste dans le passé comme la commission électoral ou allez vous allez de l’avant et accompagner le changement de l’entreprise de son mode de partage de l’information. Cette question ne concerne pas que la communication, mais bien l’ensemble de l’entreprise.