Réseaux sociaux d’entreprise : état des lieux par le Serda

 Si les livres comme le mien vous donne une vision de ce que peut être de déployer et gérer un réseau social d’entreprise, régulièrement on voit des études sortir sur un état des lieux des entreprises françaises autour de ce sujet. Je vous avais déjà parlé de celle du Benchmarkgroup (j’en profite pour signaler leur conférence RH2.0 le 2 octobre, à laquelle je participe), et nos amis du SerdaLab ne sont pas en reste et sortent aussi une étude sur les réseaux sociaux d’entreprise (l’autre était plus orientée intranet à mon grand regret).

En voici les principaux points :

Première surprise  dans cette étude, c’est qu’elle relève que seulement 23% des organisations françaises interrogées ont installé un Réseau Social d’Entreprise (je ne sais pas ce que recouvre le terme organisation française et c’est la première fois que je vois un chiffre aussi bas) et 44% rejettent toute idée de RSE contre 30% qui ont un projet dans les 18 mois à venir. 50% des organisations dans les BRIC et 53% en Amérique Latine ont déployés des RSE. Ces derniers chiffres sont intéressants car jusqu’à présent j’ai vu assez peu de chiffres sur ces zones.

Raisons et freins au déploiement des RSE dans une entreprise

Serda note que les réseaux sociaux grand public ont ralenti l’adoption des réseaux sociaux en entreprise en donnant une vision péjorative de leurs applications possibles (il vrai que bien souvent on nous parle de Facebook d’entreprise avec un certain dédain, alors que c’est tout sauf cela) : perte de temps, futilité des échanges… Mais surtout (même si de ma fenêtre cette vision commence à reculer, c’est surtout la valeur business qui est de plus en plus souvent questionnée) les décideurs redoutent de subir une perte de contrôle et de voir la confidentialité des données menacée.  De plus, les dirigeants hésitent encore à se lancer dans un projet d’envergure (d’une durée moyenne de huit mois) susceptible de bouleverser radicalement la structure organisationnelle et l’approche managériale de leur entreprise, comme l’avais déjà noté Mc Kinsey dans son étude à la fin de l’année dernière.

Même si comme le note Serda, les mentalités évoluent progressivement et les atouts du collaboratif dans un contexte professionnel sont de plus en plus valorisés amenant une augmentation de la demande (ce qui prouve que malgré tout les évangélistes ont encore du travail). D’ailleurs, les deux premières raisons qui poussent à mettre en place un RSE sont la collaboration (crowdsourcing) et la communication.

De même, 58% des entreprises considèrent que la simplicité de prise en main de l’outil est un critère déterminant dans l’adoption, avec une recherche d’immédiateté dans les gains pour l’organisation et les collaborateurs (partage de veille, gestion des connaissances). Il faut noter que 61% des organisations considèrent le RSE comme une réussite contre 39% qui trouvent les résultats insuffisants au regard du temps d’appropriation.

A quoi ressemble les RSE dans les organisations

En moyenne, on trouve 15 communautés actives sur les RSE, mais à peine plus de la moitié (57%) possède des communautés ouvertes et privés à la fois (les communautés ouvertes sont pourtant importantes pour les nouveaux membres d’un RSE et leur intégration), contre 16% qui n’ont que des communautés ouvertes (je n’ai vu cela que chez Lagardère Publicité). On peut noter aussi que 81% des organisations ont ouvert le RSE à l’ensemble des collaborateurs et rassemblent 67% de l’effectif complet (reste à voir qui est vraiment actif et pas uniquement inscrit et cela est aussi à nuancer entre le pilote et le déploiement global).

Le Social CRM est encore à ses balbutiements, puisque seulement 10% intègre leurs clients et fournisseurs et 19% collaborent avec leur partenaire par ce biais. De même, le réseau social d’entreprise est complètement autonome du reste du système d’information des organisations dans 58% des cas. La question de l’interconnexion entre le RSE et le SI n’est absolument pas prioritaire lors du déploiement du projet (ce qui participe à ne pas considérer le RSE comme un outil business et c’est bien dommage. Si tout ne passe pas par le SI, l’interconnection par exemple avec le CRM est un vrai plus pour les équipes commerciales).

Je ne développe pas ici la partie mise en place du RSE, rien de nouveau sur le soleil si ce n’est rappeler qu’il y a nécessité de s’appuyer sur les managers qui doivent encourager leurs équipes à contribuer.

Gains et gouvernance

Et rappelons les trois bénéfices majeurs relevés par l’enquête, proche des thèmes de la communication interne et des RH :

  • Diffusion et accès à l’information
  • Proximité et sentiment d’appartenance au groupe
  • Valorisation des collaborateurs

La gouvernance est généralement assez souple : un administrateur général pour la création des profils et la gestion des droits, un community manager pour gérer les communautés et la communication vers l’entreprise et enfin différents relais quelque soient leurs noms (animateurs, référents…) pour animer les communautés. Mais on peut aussi noter que si la plupart des organisations décident d’organiser le RSE en communautés thématiques, les communautés extra-professionnelles restent minoritaires (ce qui peut aider à l’appropriation).

Pour finir les conseils du Serda auxquels j’adhère :

  1. Penser usages et non outils (pour sélectionner l’outil, mais surtout pour communiquer)
  2. Ne pas sous-estimer la charge de travail que représente l’animation (et là c’est rien de le dire)
  3. L’équipe projet doit être pluridisciplinaire et impliquer le management intermédiaire
  4. Donner des objectifs liés au business pour le RSE

Quoiqu’il en soit, comme le rappelle cette étude

Les RSE sont différents dans chaque organisation, tant le contexte, les usages, la culture donnent une identité unique à ces projets avant tout humain