Posons les choses clairement dès le début, ce n’est un nouveau papier sur la « guerre »Â entre les Taxi et les VTC, dont Uber est le symbole, mais plutôt un retour sur le terme d’ubérisation rendu célèbre par le patron de Publicis Maurice Lévy et les leçons à en tirer.
Pourquoi un service qui marche si bien
Toujours dans un soucis de transparence, je suis un utilisateur régulier de Uber à Paris (où le service est plutôt supérieur à beaucoup de pays) ou à travers le monde, trouvant le système développé de qualité (si on fait exception de Sydney où le service est vraiment mauvais) et pratique n’ayant jamais de monnaie locale quand j’arrive. Donc si je suis un client convaincu, cela ne m’empêche pas d’avoir un regard critique sur le modèle de l’entreprise, même si je pense qu’en l’occurrence les taxis se pensant intouchables, ont creusé leur propre tombe (d’ailleurs l’idée d’Uber est venue aux fondateurs après avoir pris des taxis parisiens. A l’opposé au Japon, Uber ne parvient pas à s’implanter, car le service délivré par les taxis est excellent). Surtout que si on creuse un peu plus la question, c’est surtout la guerre entre un monopole bien français (taxi G7/bleu) et un acteur de la nouvelle économie, dont les chauffeurs sont/seront à terme les victimes dans les 2 camps. Mais revenons à notre sujet et concentrons nous sur ce que propose Uber. Uber ne fait qu’appliquer les basiques des start-ups. Répondre à un besoin et être uniquement focalisé sur la promesse de valeur pour le client final. En cela, sans en douter un modèle à suivre. Savoir profiter des opportunités technologiques pour challenger un marché existant en lien avec les usages des clients. Et en effet, aucun marché ne peut prétendre être à l’abri d’un nouvel entrant qui remet en question le modèle existant et la place des entreprises leaders sur leur marché.
UBER régulièrement cité comme un exemple d’économie collaborative
Joli travail de marketing, car Uber n’est vraiment basé sur un modèle d’économie collaborative. Ce modèle a le vent en poupe tant le sur le plan économique, que sur le plan éthique, ça fleur bon la RSE. Pour y voir plus clair, voici la définition de wikipedia de l’économie collaborative
L’économie collaborative est une activité humaine qui vise à produire de la valeur en commun et qui repose sur de nouvelles formes d’organisation du travail. Elle s’appuie sur une organisation plus horizontale que verticale, la mutualisation des biens, des espaces et des outils (l’usage plutôt que la possession), l’organisation des citoyens en « réseau » ou en communautés et généralement l’intermédiation par des plateformes internet (à l’exception de modèles comme les réseaux d’échanges réciproques de savoirs).
L’économie collaborative est entendue dans un sens large, qui inclut la consommation collaborative (AMAP, couchsurfing, covoiturage etc.) mais également les modes de vie collaboratifs (coworking, colocation, habitat collectif), la finance collaborative (crowdfunding, prêt d’argent de pair à pair, monnaies alternatives), la production contributive (fabrication numérique, DIY, Fablabs, imprimantes 3D, maker spaces) et la culture libre.
Si Uber propose clairement un service d’intermédiation, notamment via une application, c’est bien la seule case qu’il coche. Tout le reste qui sont les fondements de l’économie collaborative sont très loin des valeurs d’Uber, bien au contraire.
Et le modèle d’entreprise française dans tout ça ?Â
Le modèle d’Uber doit-il donc est suivi par les entreprises françaises. En ayant recours à un système d’auto-entreprenariat, Uber va clairement à l’encontre du modèle sociale français reposant sur un certain nombre de cotisations sociales permettant le financement de nombreux de services sociaux à travers un système de répartition. Et clairement le système social français est un des plus performant. Désolé pour mes amis anglais, mais pour ceux qui ont un doute je vous recommande d’aller voir le métro anglais ou le service de santé publique britannique, vous ne serez pas déçus. Si ces derniers temps un certain french bashing était de mise, notamment autour de la question des charges, impôts,  de son système social, de la réduction du temps de travail… depuis quelques temps d’autres son de cloche se font entendre (même si on est loin d’un modèle parfait, à commencer par le mille feuille administratif), montrant que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Déjà , et ce n’est pas une nouveauté, les français sont plus productifs que les anglais (si les anglais sont à l’indice 100, nous sommes à 125 rapport au PIB et nombre d’heure travaillé) pour ne citer qu’eux et ce n’est pas un journal français qui le dit mais le très libéral The Economist. D’ailleurs la France est la 6e mondiale pour la productivité horaire et les salariés français travaillent en moyenne plus que les allemands. De plus, des études de plus en plus nombreuses démontrent que travailler plus longtemps, dégradent la santé des collaborateurs, mais aussi la productivité et des profits.
Le mode de vie des français est une de leur force et une attractivité pour de nombreux cadres étrangers. A nous de savoir simplifier certaines de nos règles, mettre en valeur nos points forts, et comprendre qu’il y a beaucoup à apprendre de start-up comme Uber, sans pour autant y voir un eldorado qui tourne le dos à notre modèle de solidarité et de vie.