Le vent est-il en train de tourner pour le fameux modèle de management des start-ups tant acclamé ? Disons le tout net, je n’ai pas vraiment été de ceux qui ont encensé ces types de modèles de management, qui bien souvent tiennent plus du mythe que de la réalité. Business model et management sont deux choses différentes. Donc si les start ups ont des choses à apporter côté business model et focus client, cela n’est pas vraiment la même chose côté management. Mais quand le business se tend, que reste-il ?
Les deux exemples les plus flagrants, sont tout de même dernièrement les modes de licenciement chez Twitter, mais aussi la création d’un syndicat chez Uber pour les chauffeurs parisiens. Je pourrai parler aussi des nouveaux contrats flex Amazon mais c’est un sujet un peu plus large qui renvoi plutôt à mon précédent article sur Uber.
Désactivation 2.0
Côté Twitter, si licencier n’est pas interdit et forcément répréhensible bien sûr, il y a façon et façon de le faire. Et là les vieilles recettes brutales ont encore de beaux jours devant elles, même lorsqu’elles sont à la sauce 2.0. Apprendre son licenciement en tentant de se connecter à sa boite mail professionnelle et constater qu’elle n’existe plus, cela revient à la même chose que venir dans l’entreprise (le déplacement en moins) et voir que son badge a été désactivé. Côté management de proximité, il y a quand même plus fin, même si visiblement l’entreprise avait laissé un message téléphonique avant (je ne crois pas que ce soit terrible de faire ça non plus par téléphone). Autant pour le côté proximité revendiqué par les start-ups de la silicon valley et le way of life qui va avec…
De la symétrie des attentions
Le concept de « symétrie des attentions » montre que la qualité de la relation entre une entreprise et ses clients est liée à la qualité de la relation de cette dernière avec ses collaborateurs. Si cette idée vous intéresse, je vous renvoi à l’ouvrage de Vineet Nayar : Les Employés d’abord, les clients ensuite. Pour beaucoup, ce concept est central dans le cadre d’une transformation digitale d’une organisation et des nouveaux modes de management qui y sont liés. Cela est d’autant plus crucial dans le cadre d’une entreprise de service, Zappos en est le parfait exemple. Or le système d’Uber repose en grande partie dessus, notamment avec le système de notation des chauffeurs par les clients ( et vice et versa). Je ne reviens pas ici sur ce que j’ai déjà écrit sur Uber et son business model, mais la création d’un syndicat montre clairement qu’on est loin de cette approche de symétrie. Là encore entre le mythe de la nouvelle économie, symbole de l’entreprise digitale et ouverte et la réalité de terrain, il y a un monde. Et quand on discute avec des chauffeurs, qui travaille pour Uber depuis un certains temps, on peut voir qu’avec la concurrence, Uber durcit son management et non l’inverse. Pas sûr que la technique du presse-citron soit porteur de bénéfices sur le long terme. Et la voiture sans chauffeur, pas sûr non plus que tout le monde est envie de ça. Le contact humain à aussi son importance, donc la porte de sortie n’est peut-être pas celle là non plus.
De plus, la solution que cherche Uber à travers les voitures sans chauffeur ne sera pas forcément non plus la solution miracle d’un point de vue investisseurs. Qu’est ce le business model d’Uber : sa capacité à opérer avec des coûts fixes faibles via l’application et des coûts opérationnels limités : les chauffeurs ne sont pas des employés et ne sont payés que quand ils travaillent. En achetant des voitures, Uber augmentent de beaucoup ses coûts fixes, sans parler de l’entretien de ces dernières. Mais au delà de la marge, pas sûr que quand on investit dans une startup d’intermédiation, on est envie de se retrouver avec un opérateur automobile « classique ». Mais ça c’est une autre histoire…