Lancer un projet d’entreprise 2.0, c’est comme une élection présidentielles. Il y a les pour, les contre, les promesses, les spin doctors (les consultants)… et si vous obtenez gains de cause, il va falloir réaliser votre programme. Voyons un peu cela en détails.
 Faire campagneÂ
Des projets dans l’entreprise il y en a plusieurs, et donc le votre est forcément en concurrence avec d’autres. C’est le début de la campagne pour faire élire votre projet auprès du top management (oui on est quand même plus proche d’un fonctionnement censitaire que démocratique), puis le faire accepter à vos collègue, ça c’est pour le côté démocrature. Comme pendant une campagne, vous allez faire des promesses ou pour le moins prendre des engagements.
Avec comme première question,combien ça va coûter. C’est comme le déficit, il est rare de tenir les chiffres, il y a toujours des frais supplémentaires en consultant, solution de réseau social à intégrer, coût de communication… Qu’importe l’important est de rassurer, il faut donc donner un chiffre. Pas trop élevé sinon vous allez faire peur, pas trop bas sinon vous n’allez pas être pris au sérieux.  Comme pour une élection, il faut être crédible au niveau des chiffres si on veut avoir une chance. Et tenir compte du contexte économique ambiant, c’est à dire la culture interne de votre entreprise.
Ensuite deuxième sujet, le fameux ROI. Si on se transforme c’est bien pour gagner quelque chose, donc quel va être ce fameux retour sur investissement. Je ne vais pas développer ici cette question, elle l’a déjà été largement sur ce blog. Bref là on fait des promesses et forcément ça va rapporter beaucoup : cohésion d’équipe, renforcement de l’innovation, amélioration de la performance…, même s’il faut tout de même rappeler que la valeur d’une chose n’est pas totalement liée à sa capacité à être mesurée, amenant des slogans célèbres qui fleurissent sur le web :
C’est quoi le ROI de ta mère ?
ou bien
Je n’ai jamais vu un document décrivant le ROI des toilettes et des urinoirs
Mais comme pour toute bonne campagne les chiffres ne suffisent pas, vous allez devoir apporter du rêve, faire du storytelling pour emmener vos interlocuteurs avec vous. C’est partie pour du benchmark, la jolie histoire qui fait rêver votre auditoire, mélange de retours d’expérience d’autres entreprises, anecdotes croustillantes et vision d’une autre entreprise où tout devient possible.
Bravo vous avez été élu
Comme pour tout lendemain d’élection, vous aussi vous allez connaître l’état de grâce. Les gens ont encore vos promesses en tête d’une autre façon de travailler, de lendemain qui chante, ou plus simplement de curiosité. Bref pour reprendre la courbe de hype, vous êtes en haut de la courbe.
Et puis vous aussi comme tous les nouveaux élus, le baromètre des français va commencer à redescendre et vous allez voir vos soutiens, vos collègues s’investir beaucoup moins dans votre projet. Entre les promesses et la réalité, cette dernière est en train de gagner du terrain. Il va falloir réagir et donc réformer. Et oui, et comme en politique, cela ne peut pas uniquement se faire par le haut, vous avez besoin de tous les corps intermédiaire pour faire du collaboratif. C’est bien par le bas que ce type de projet vit et fonctionne. Il va donc falloir animer tout cela, discuter avec vos relais, je ne reviens pas ici en détails sur comment animer ce type de projet, mais ce qu’il faut retenir c’est qu’il faut co-construire avec tous, seul vous n’arriverez à rien et surtout il faut animer.
Idem, le chef du gouvernement retourne sur les plateaux télé, à la radio… Là c’est pareils, il faut communiquer autour de votre projet, faire savoir ce que vous faites, vos victoires, vos prochaines échéances, un vrai programme politique. Je pourrais continuer à faire la comparaison, mais allons directement à la fin, ce qui fait que vous aller voir votre mandat renouvelé ou pas.
On arrive avec l’ultime point commun, réussite ou échec, promesse tenue ou dégradée, voir échec. En effet, si on regarde le désamour des français avec la politique, c’est qu’au final rien ne change, on a beaucoup promis pour pas grand chose. Une politique de gestionnaire, sans prise de risque, sans réforme… quelques recettes appliquées ici et là , mais pas de grand changement et au final de la déception. Bref si vous ne voulez pas risquer la parodie de la pub Schweppes comme dirait Axyome :
L’entreprise 2.0 c’est un peu comme Schweppes… « What did you expect ? »
C’est donc une véritable transformation d’entreprise qu’il va falloir entreprendre et donc on en revient au paradoxe français des élections. Les français veulent du changement mais pas de réforme. Là c’est pareils, quelque part on attend que vous fassiez changer les choses mais sans transformer l’organisation et ces processus. Vous allez donc devoir choisir, entre un projet à minima, avec son lot de déception, ou une véritable prise de risque pour arriver à tenir vos promesses, la transformation de votre entreprise en entreprise 2.0
Je vous laisse choisir votre politique, mais au moins vous serez à quoi vous en tenir