Nous avons vraiment de la chance, ces derniers temps d’excellents ouvrages sur l’entreprise 2.0 ont été écrit par des auteurs français (non pas que je sois fan du côté cocorico, mais la langue de Shakespeare étant souvent hermétique aux français, cela ne peut être qu’un plus). Bien sûr on parle moins d’eux que de celui d’Andrew McAfee (qui lui est en anglais, vous trouverez ici un billet sur son livre), c’est pourquoi ils méritent vraiment d’être mis en avant. On a déjà parlé sur ce blog de l’excellent ouvrage de Christophe Deschamps le nouveau management de l’information, et bien voici un autre qui à mon avis mérite d’être dans votre bibliothèque entreprise 2.0. Il s’agit de l’ouvrage de Yvan Michel,  L’entreprise 2.0 : comment évaluer son niveau de maturité (cf image). Je dois dire qu’au début j’étais un peu dubitatif. Le parcours d’Yvan Michel renvoyant vers la DSI, j’attendais un ouvrage tourné vers les technologies et les plateformes collaboratives. Comme vous le savez si vous lisez ce blog régulièrement, je considère pour ma part que ces technologies ne représentent que 20% de ce qui va permettre à l’entreprise 2.0 de devenir une réalité dans votre entreprise. En lisant un compte-rendu sur un des blogs de Fred Cavazza, je me sui rendu compte qu’au contraire, l’auteur parle beaucoup plus de culture, management, psychologie… Je l’ai donc contacté, et je ne le regrette vraiment pas, voici pourquoi.

Le livre est très pédagogique avec de nombreux schémas et des encadré « En bref » à chaque fin de chapitre, qui font le point sur les principales idées développées dans le chapitre.

La première partie du livre revient sur des définition de l’entreprise 2.0 (slates, flatnesses), abordant les questions de management des idées, génération Y, identité numérique, outils (quand même) et insiste donc sur l’évolution des usages et pratiques communautaires.

La deuxième partie est consacré au modèle systémique soutenant la transformation d’une entreprise 2.0. Cela passe par les principaux piliers de la transformation (culture, information, structure et management) et les facteurs d’influence (dynamique, jeux de pouvoir, psychologie et les facteurs externes). On est en pleine sociologie des organisations et de conduite du changement, ce qui n’est pas pour me déplaire. Il est intéressant de noter que comme Martin Roulleaux Dugage, l’auteur insiste sur l’importance de la confiance (le titre originale de son ouvrage était le prix de la confiance).

Et enfin la dernière partie renvoie directement au titre du livre sur le niveau de maturité de l’entreprise qui se dirige vers une organisation de type 2.0.

Je ne vais pas revenir sur l’ensemble de l’ouvrage mais me focaliser sur ce qui fait le titre de l’ouvrage, la partie maturité. L’auteur voit 4 phases d’évolution :

• Niveau 1 : éloignée des usages 2.0, l’organisation doit montrer une réelle volonté de changement
• Niveau 2 : des usages 2.0 semblent apparaître, mais il faut encore se concentrer sur la collaboration et le partage
• Niveau 3 : Le passage à une organisation 2.0 est proche, il faut utiliser les bons leviers pour faire la bascule
• Niveau 4 : l’organisation est prête à passer un un fonctionnement 2.0

Ces différents niveaux sont à croiser avec les quatre piliers dont j’ai parlé plus haut, et qui permettent de voir où en est l’organisation sur ces différents points et sur lesquels il faut insister pour la transformation de l’entreprise vers une démarche 2.0. Et surtout ce diagnostic permet de voir si cette évolution semble possible (il faut savoir parfois se rendre compte après un diagnostic qu’une entreprise n’est pas prête). Si tous les indicateurs sont au niveau 1, il faut peut-être mieux oublier l’idée dans un premier temps. Cette grille est à compléter avec les facteurs d’influences qui vont être important pour la transformation de l’entreprise (les jeux d’acteurs sont au coeur de la transformation de l’entreprise).

Bien sûr mener une analyse dans sa structure est un peu plus complexe que croiser 4 thèmes et 4 niveaux de maturité (d’ailleurs l’auteur ne s’en cache pas), mais la méthode est clair et peut s’avérer efficace pour un diagnostic. Même si par exemple pour la partie culture, on est plus dans le descriptif que dans la méthodologie pour la faire évoluer.

En conclusion, je ne partage pas toute l’analyse (mais c’est normal) et la partie sur l’émotionnel et les interviews m’a moins convaincu, mais j’ai trouvé ce livre excellent tant par les outils et méthodologies qu’il propose, que par l’analyse qui est faîte de l’entreprise 2.0.

Pour répondre à la dernière phrase de l’auteur qui espère que son livre aura éclairé les néophytes (ça sera le cas) et enrichi des plus familiers (je me mets dedans), la réponse oui, j’en sors plus enrichi.